TRANSCRIPTION "LA QUÊTE" - ORELSAN

Rien peut m’ramener plus en arrièreQue l’odeur d’la pâte à modelerMaman est prof de maternelleC’est même la maîtresse d’à côtéJ’ai cinq ans et j’passe par la fenêtrePour aller m’planquer dans sa classeElle m’dit « t’es pas censé être là »J’lui dis « près d’toi, c’est là ma place »
J’aime que les livres, j’préfère être seulDonc j’suis plus content quand il pleutJ’fais quelques cours de catéchismeMais j’suis pas sûr de croire en DieuJ’ai sept ans, la vie est facileQuand j’sais pas, j’demande à ma mèreUn jour elle m’a dit « j’sais pas tout »J’ai perdu foi en l’univers
À cinq ans, j’voulais juste en avoir septÀ sept ans, j’étais pressé d’voir le resteAujourd’hui, j’aimerais mieux qu’le temps s’arrêteAh, c’qui compte c’est pas l’arrivée, c’est la quête
J’balaye les feuilles mortes sur le terrainLe froid m’fait des cloques sur les mainsJ’ai dix ans, j’suis fan de basketJ’m’habille en p’tit américainMon père, mon héros, m’a offertLes Jordan 8 avec les scratchDonc j’fais tout pour le rendre fierQuand il vient m’voir à tous les matchs
J’rentre au collège, on m’traite de bourgeNormal, mes chaussures coûtent une blindeJ’veux plus les mettre, mon père s’énerve« Toi t’as tout, nous on n’avait rien »J’ai douze ans, j’fous l’bordel en coursPour essayer d’me faire des potesLe prof de musique s’fout en l’airIl est au paradis des profs
À onze ans, j’voulais juste en avoir treizeÀ treize ans, j’étais pressé d’voir le resteAujourd’hui, j’aimerais mieux qu’le temps s’arrêteAh, c’qui compte c’est pas l’arrivée, c’est la quête
Souvent, j’suis tombé amoureuxMais pour une fois, c’est réciproqueJ’abandonne lâchement, tous mes potesJ’vois plus qu’ma meuf, on fume des clopesQuatorze ans, j’suis juste un fantômeDu moins, c’est c’que disent mes parentsChérie veut qu’j’traîne plus qu’avec ellePourtant, elle m’fait la gueule tout l’temps
Vu qu’j’déménage, ça nous sépareJ’me dis qu’l’amour c’est surcotéMon frangin m’éclate au basketAlors j’préfère abandonnerJ’ai quinze ans, j’regarde Kids en boucleJ’traîne avec des gars comme CasperMon père est sévère avec moiDonc j’le répercute sur mon frère
À quinze ans, j’voulais juste en avoir seizeÀ seize ans, j’étais pressé d’voir le resteAujourd’hui, j’aimerais mieux qu’le temps s’arrêteAh, c’qui compte c’est pas l’arrivée, c’est la quête
J’descends les marches, la peur au ventrePour intercepter mon bulletinÀ la maison, c’est la guerre froideOn s’comprend plus, donc j’dis plus rienJ’ai seize ans et j’passe par la fenêtrePour rejoindre les autres au skateparkOn boit des bières, on fume des jointsEt j’raconte tout ça dans mes raps
Les années passent, même un peu tropAu point qu’j’ose plus chanter mon âgeMon frangin filme quand j’mets la bagueMa frangine anime le mariageLes choses que j’ose dire à personneSont les mêmes qui remplissent des sallesMaman est là, mon père est fierEt l’univers est pas si mal(L’univers est pas si mal)
À seize ans, j’voulais juste avoir dix-septDix-sept ans, j’étais pressé d’voir le resteAujourd’hui, j’aimerais mieux qu’le temps s’arrêteAh, c’qui compte c’est pas l’arrivée, c’est la quête
À cinq ans, j’voulais juste en avoir septÀ sept ans, j’étais pressé d’voir le resteAujourd’hui, j’aimerais mieux qu’le temps s’arrêteAh, c’qui compte c’est pas l’arrivée, c’est la quête